Si vous vous rappelez des années 1990, c’est que vous n’étiez
pas aux Requins Marteaux, ni à Albi d’ailleurs, où la célèbre revue Ferraille est née. Ferraille, à cette glorieuse époque,
avait comme mascotte un curieux bonhomme verdâtre,
laid, bête et enragé. Un monstre qui incarnait à lui seul
les valeurs de la jeunesse de France de ces années-là : faire
la fiesta et pas trop travailler. Son nom : Monsieur Pabo.
Il fallait avoir l’esprit dérangé du sieur Andrieu et la patte maudite de Monsieur Druilhe pour enfanter un tel monstre de bêtise juste pour le plaisir de nous divertir. Le tordu professeur Pompidou, les pieux neveux Ricou et Bigou, le patron Philéas Fog sont les complices de foire de notre héros décérébré et seront eux aussi déclinés à l’infini dans les pages de Ferraille sous la plume d’autres auteurs maison (Besseron, Bouzard, Moolinex, etc.). Cocktail détonnant, les bandes dessinées de Monsieur Pabo allient un dessin noir et raide à un humour absurde et violent qu’on a rarement revu depuis dans nos
belles contrées. Plus qu’un détournement trash de la culture
BD de gare, Monsieur Pabo est un hommage érudit et irrévérencieux à la petite bande dessinée populaire
comme les Pif Poche, Mickey Parade, et autre Zembla.