Géant de la bande dessinée italienne, Guido Crepax (1933-2003) a laissé une œuvre abondante, dont se détache la saga de Valentina, qu’il a créée en 1965 et poursuivie jusqu’à sa mort. 2015 marque donc le 50e anniversaire de ce personnage.
La collection "Actes Sud-L’An 2" entreprend de redonner vie à une série majeure de la BD moderne, qui n’a connu d’éditions françaises que partielles et anciennes. Un deuxième volume paraîtra en novembre.
Valentina Rosselli est une photographe milanaise, bisexuelle mais mariée à un critique d’art nommé Philip Rembrandt. Elle a connu l’anorexie mentale à treize ans. Ses aventures conjuguent onirisme, érotisme, réflexions sur l’art et considérations politique (Crepax étant un artiste d’une culture rarement égalée), le tout au service d’une expérimentation formelle incessante.
Inspirée, pour la coiffure, de l’actrice Louise Brooks - avec laquelle Crepax aura un échange épistolaire affectueux au milieu des années 70 -, elle s’est trouvée, au fil des épisodes, dotée d’une biographie. On lira dans ce volume comment elle est née le 25 décembre 1942 ; comment, en 1971, elle a accouché d’un fils, etc. Loin de n’être qu’une poupée ou une pin-up girl, c’est un personnage de femme accompli, comme on en trouve trop peu dans la bande dessinée, tous genres confondus.
Ce volume comprend quatre histoires : « L’intrépide Valentina », « L’intrépide Valentina de papier », « Le Virage de Lesmo » et « L’enfant de Valentina ». Véritable concentré des goûts de l’auteur, « L’intrépide Valentina » contient, à elle seule, des hommages au jazz, à Rembrandt, à Lewis Carroll, à Trotski, aux comic strips américains et bien sûr à Louise Brooks. Quant au travail sur le temps qui passe, il est éminemment proustien.