Bonjour à tous.
J’ai déjà posté le même texte sur :
https://www.bdphile.info/forum/subject/1206/
Mais c’est en effet ici que ce (trop) long message devait arriver.
Alors, désolé pour le doublon...
Mais avant, concernant la fidélité ou pas aux albums, comme j’ai lu plus haut, il est inutile d’espérer une fidélité de scénario : c’est impossible !
Une page d’album peut générer 20 minutes d’un film, comme 10 pages peuvent sauter sans qu’on s’en rende vraiment compte.
N’oublions pas qu’un album force l’auteur à de nombreuses ellipses et à ne présenter que quelques fenêtres sur l’univers qu’il a en lui, alors que son imagination déborde de plans, de scènes, d’images fixes ou en mouvement que son génie créateur doit condenser en 48 pages.
Et l’univers de l’auteur évolue avec le temps, certains personnages peuvent le "forcer" à réinventer une autre version, et tout reste possible.
Alors, qu’un cinéaste pétri du même univers, avec des variantes qui lui sont personnelles, nous propose une version différente, réinventée, mais fidèle à l’esprit de l’auteur, qu’importe que l’histoire racontée soit différente.
Soyons contents d’avoir des flashs, des correspondances occasionnelles qui nous replongent dans telle ou telle case d’un album.
Pensons aussi qu’en cinéma, trop de gens ont le pouvoir de décider ce qui peut se faire, ce qui doit être, qui doit jouer, quelles scènes seront coupées au montage, quel public sera visé, ce qu’il faudra absolument leur montrer au détriment de la cohérence de l’œuvre et du respect des artistes qui l’ont façonnée.
Comme vous allez lire, je suis plus enthousiaste maintenant qu’après avoir vu le film, mais je ne retire rien de mes impressions "sur le vif".
APRES LA SEANCE (3 août)
Bonne impression générale :
On sort content d’avoir vu un chouette film, et les éléments fidèles aux albums sont assez nombreux pour qu’un amateur de BD y trouve son compte.
Il y a seulement un peu trop de "dommage que" pour que le film ait une grande carrière et marque le cinéma autant que le cinquième élément.
Dommage que :
Les nombreuses scènes d’action soient desservies par une bande-son nulle à chier (le terme n’est pas excessif), alors que dans les autres plans, la musique sait faire oublier son manque de créativité : Alexandre Desplat ne risque pas de décrocher un césar avec cette piètre collaboration.
Dommage que :
Le début soit lent et long, trop long : dérouler d’une traite le contexte du film pendant près de 10 minutes est aussi pénible à suivre qu’un cours d’histoire.
On en vient à spéculer sur le moment où le film va enfin commencer...
Dommage que :
Le rythme des séquences, des répliques ne serve pas l’action (un découpage que les Américains savent faire à la perfection).
Impression renforcée par le décalage de la musique qu’on dirait tirée d’un autre film.
Dommage que :
Des mouvements de caméra inutiles perturbent les spectateurs captivés, au point de les détacher du film.
Dommage que :
Valérian et Laureline ne soient pas assez fidèles à leur caractère de papier.
Laureline est blonde et pas rousse (sans doute parce que les Américains associent le roux à la sorcellerie : une héroïne positive rousse est quasi impossible).
Elle est un peu garce au lieu d’être taquine, pas assez sexy, et jamais rêveuse comme elle parait parfois en BD.
Valérian est mièvre au lieu d’être toujours un peu paumé, son visage de jeune premier souriant et entreprenant ne colle qu’aux standards US de films pour adolescents.
Physiquement, j’aurais préféré un sosie de David Bowie. Même Dave aurait été meilleur...
Dommage que :
Le jeu des acteurs en général fasse pâle figure face à celui insufflé dans les créatures digitalisées.
On finira par remplacer les acteurs humains par leur sosie numérique, pas par souci d’économie, mais par souci de qualité !
Les nombreux points positifs :
Une fois lancée, l’intrigue est facile et agréable à suivre, aussi captivante que la lecture des BD.
Les effets spéciaux sont bluffants : un régal.
Les diverses créatures ont un rendu précis et "crédible", belles dans leur étrangeté parfois horrible.
Les Shingouz sont parfaits dans leur rôle, tant au physique qu’au caractère. (il reste un léger souci avec leurs trompes)
La prestation prolongée de Rihanna (au lieu d’une simple apparition de star) est le meilleur moment du film.
Elle surpasse en qualité de jeu tout le reste de la distribution.
Cette participation fera date dans sa carrière, au point qu’on en oubliera peut-être (dans quelques générations) qu’elle a aussi chanté.
On espère voir un deuxième, en souhaitant que le succès commercial du premier soit suffisant pour le permettre, mais c’est pas gagné d’avance....
Papadji