À l'exemple de Toriyama Sekien qui dressa, vers 1780, l'inventaire des monstres japonais, Shigeru Mizuki réintroduit dans la culture populaire les yôkaï, ces lémures familiers que la modernisation de l'ère Meiji avait mis en sommeil mais que réveille l'inquiétude de l'après-guerre.
Guidé par les esprits de ses camarades tués à la guerre, le créateur de Ge Ge Ge No Kitaro explore la frontière incertaine et mouvante qui sépare les spectres des vivants et où il suffit de tourner le coin d'une rue ou de prendre un ascenseur pour passer d'un monde à l'autre et rencontrer yugeïs ou tengus.
Véritable métaphysique des fantômes, l'oeuvre de Mizuki enseigne à l'homme qu'il doit accepter sa destinée, avec cette consolation que la mort est sans doute, après la vie, le plus beau cadeau que lui ont fait les dieux.
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