Au Texas, Swänn et Liz sont poursuivis par les braconniers Skualls, responsables de la mort de la famille Hamilton... Le temps pour Swänn de se confronter aux réalités de la guerre et des chocs émotionnels qui accompagnent l'annonce des victimes aux familles. Toutefois, alors que le Mir de Donald, séparant le Texas du Mexique sur le Rio Grande est détruit pour facilité le passage des réfugiés américains, un petit espoir permet à Liz de rester debout.
Pendant ce temps, sur Näkän et dans les assemblées du Complexe, les débats sur le financement de l'expédition Renaissance se poursuivent et, curieusement, la diplomatie Skuall, peuple qui ne participe pas à l'expédition, prend une importance inattendue...
Un dernier chapitre magistral qui vient conclure cette première trilogie !
Certaines BD respirent l'alchimie parfaite entre scénariste et dessinateur(s). C'est le cas de Renaissance qui dans cette conclusion parvient à nous captiver en résolvant tranquillement les quelques intrigues ouvertes précédemment, en n'oubliant pas de réfléchir à chaque case sur le devenir de notre planète, les comportements sociaux humains ou la prospective du fonctionnement d'une société parfaite. Avec cette série Duval invente la dystopie utopique, en bon humaniste il ne se contente pas de nous proposer une vision cataclysmique et totalement crédible de notre futur mais par l'existence même de cette force extra-terrestre nous montre l'espoir. Sans mièvrerie, sans mauvais goût, il montre qu'on peut dénoncer une situation en indiquant qu'elle n'est pas inéluctable. La SF est souvent très nihiliste. Pas ici.
L'intelligence est omniprésente dans cette BD, que ce soit dans des dessins très détaillés et extrêmement lisibles, tant des les scènes d'actions convaincantes que dans les débats diplomatiques subtiles entre grands pontes de l'Agora alien qui devisent dans un mémorial des guerres passées. Nous parlions récemment d'une certaine lourdeur appuyée sur le second tome des Dominants. C'est l'inverse ici où les auteurs savent jouer de l'apparence, parfois étrange, parfois repoussantes des aliens, qui ne reflétera pas forcément leur caractère. La richesse de cette série est à l'aune de toute la bibliographie d'un scénariste qui arrive à traiter simplement un grand nombre de sujets dans cent cinquante pages de BD, sur des thèmes aussi larges que l'intelligence artificielle, le libre arbitre, la dualité nature/culture, sans oublier de s'amuser avec l'Histoire de notre planète. Sans déflorer une intrigue riche qui sait se conclure de façon satisfaisante en ouvrant la porte à de futurs cycles, on arrive naturellement à la résolution du drame familiale d'une des deux humaines et à l'arrestation des fautifs. La perfection de la société-Renaissance n'est pas si évidente et pousse les aliens à l'humilité dans un échange civilisé, alors que ce qu'il reste des Nations du monde finissent par réagir à cette irruption sidérante. En se permettant, cerise sur le gâteau, de l'humour linguistique, Duval montre une nouvelle fois qu'il est l'empereur de l'Anticipation. Et on l'espère pour longtemps!
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2020/10/16/renaissance-3-permafrost/
Excellente série