Dans une région perdue du nord de l'Amérique, une importante conférence se déroule dans le plus grand secret, réunissant des représentants de différents pays (Iran, Turquie, États-Unis, Russie, France, Turquie, etc.) afin d'évoquer la crise qui secoue le Moyen-Orient, dont la Syrie, qui est l'objet d'enjeux géo-politiques. Les diplomates confrontent leur point de vue offrant parfois un spectacle consternant dans un monde menacé, prêt à exploser... Léna assiste à cette conférence qu'elle doit superviser, non sans mal... Dix ans après le tome 2, Pierre Christin et André Juillard se retrouvent grâce à leur personnage, Léna, qui est au cœur d'un récit d'une rare intelligence où les enjeux géopolitiques sont plus présents que jamais.
Même si ce tome 3 n'est pas mauvais en soit, je me demande s'il était vraiment nécessaire dans la série. On finit par se demander si cette pauvre Léna ne mérite pas au final de prendre une retraite bien méritée après les aventures précédentes :-)
On y retrouve tous les ingrédients des premiers tomes, une bonne intrigue bien menée, mais j'ai trouvé moins de profondeur dans l'histoire. Il reste moins de choses en tête à la fin de la lecture de ce tome qu'avec les 2 précédents, moins de sujet importants traité, moins de résonance. Enfin, pour moi bien entendu! Peut être que le huis-clos retire le charme des voyage que l'on a dans les autres tomes...
Étonnante non-série que ce triptyque autour du personnage de Léna, dont le scénariste Pierre Christin, connu pour sa rareté et l'intelligence de ses textes semble développer la biographie progressivement, de façon non préméditée. Nous l'avions connue endeuillée et recherchant un sens à sa vie dans le premier ouvrage qui date déjà de quatorze ans! Puis elle avait été enrôlée comme agent infiltré pour les services de renseignements. Comme un aboutissement après un second volume imparfait, la voici au c?ur du Brasier, au c?ur des négociations secrètes qui doivent déterminer de la paix alors que personne ne semble franchement désireux de résoudre ce conflit. Le risque de la caricature était grand, Christin y tombe un peu avec ces gros lutteurs post-soviétiques et cet iranien passé maître des coups d'éclat. Mais la série Le Bureau des légendes est passé par là et a redistribué les bases des histoires d'espionnage. Du coup le jeu de chacun deviens subtile et subtilement mis en scène par le trait toujours si élégant d'André Juillard.
La caractéristique de la série c'est le contemplatif, là où le dessinateur excelle. Ainsi les pensées intérieures dominent les dialogues et l'on suit cette hôtesse de luxe sans vraiment être jusqu'au bout sur qu'elle est un agent infiltré. Au regard des précédents volumes c'est probable, au regard du personnage il n'est pas exclu qu'elle ait entamé une autre vie... Ainsi on navigue dans ce théâtre d'ombres à la suite de Léna, où les problématiques techniques de la résolution du conflit ne seront que survolées pour nous intéresser plutôt aux personnages, à ces profiles qui en disent long des pays et de leur diplomatie. Si le scénario traite partiellement d'une situation fictive (on est quand-même en Syrie), Christin veut tout de même parler du monde d'aujourd'hui. Les marqueurs empruntés à la Guerre froide et au monde décolonisé sont là, nous disant la permanence universelle des motifs de conflit (le plus souvent religieux!) mais nous rappelant immédiatement à l'actualité des pages internationales des journaux.
Léna dans le Brasier n'est pas un thriller géopolitique mais bien un théâtre diplomatique marqué par la modernité des créations récentes sur le sujet. Abordant ce qui le passionne (la géopolitique) avec le style qu'on lui connait, Pierre Christin propose à son compère André Juillard le plus bel album de la trilogie, sans doute le dernier... a moins que les deux hommes ne puissent de séparer de ce fascinant personnage dont le mutisme grandit le mystère intérieur.
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