« Il y a deux cent ans, l’Angleterre perdit la guerre contre Napoléon. Comme le reste de l’Europe, elle fut envahie par la France et la famille royale fut guillotinée ». Un temps intégrée à l’Empire français, l’Angleterre devait recouvrir son indépendance après une longue campagne de désobéissance civile et d’attentats anarchistes. La République socialiste de Grande Bretagne peine depuis à s’imposer sur la scène internationale quand la France conserve à son égard rancœur et mépris. C’est dans ce contexte troublé que l’inspecteur LeBrock de Scotland Yard va se lancer sur la piste d’un mystérieux assassin. Une investigation, menée tambour battant, qui le conduira au cœur d’une machination politique orchestrée depuis la Ville Lumière.
« Make my day, skunk! »
Comment définir « Grandville » ? À la fois récit animalier anthropomorphisé, roman policier et/ou d'espionnage, steampunk, uchronie, univers parallèle... tout pour plaire, quoi !
Avant tout, le scénario est intéressant : un bon point pour l'aspect policier/espionnage. Le monde steampunk faux-XIXème dans un monde où la France a envahi la Grande-Bretagne est intéressant et fort bien croqué: un autre bon point ! Des clins d'?il à d'autres BD classiques sont disséminés par-ci par-là, ce qui est toujours bon à prendre.
Mais ce sont surtout les personnages qui sont intéressants, en particulier le personnage principal : l'inspecteur LeBrock, un blaireau qui est aussi une sorte de Sherlock Holmes mâtiné d'inspecteur Harry avec le cynisme de Sam Spade et une élégance ravageuse. Personnage à la fois légèrement mystérieux et complexe, c'est subjectivement le détective le plus intéressant à émerger de la littérature contemporaine depuis l'inspecteur Morse.
Vous l'aurez compris: l'?uvre de Brian Talbot m'a conquis ! Elle a malheureusement un défaut: l'usage excessif de la retouche informatique dans le dessin, ce qui alourdi et banalise le dessin. C'est très regrettable et ça fait perdre un point à l'album. C'est d'autant plus regrettable que l'édition française inclut un supplément avec des crayonnés et des recherches superbes, qui prouve que le trait de l'auteur aurait pu nettement mieux passer dans une forme plus « brute »...
Cette réserve mise à part, l'édition française proposée par Milady Graphics est superbement ouvragée et je ne puis que vous la recommander !