Deux destins de femmes qui se répondent, comme à travers un miroir…
Elles sont cousines. Elles sont reines. Élisabeth Tudor est reine d’Angleterre. Marie Stuart, reine de France et d’Écosse. Elles prétendent toutes les deux au trône d’Angleterre. Élisabeth la frigide, l’éternelle vierge, fille illégitime et reniée par le Pape, peut compter sur son nom. Marie Stuart la sublime, la brillante, sur son charme et le soutien des catholiques. Mais deux reines pour une seule île, cela fait beaucoup...
Avec le coffret La Vierge et la Putain, Nicolas Junker signe, dans un exercice de style digne de l’OuBaPo, deux ouvrages parfaitement symétriques dans leur construction narrative (la fin de l’un répond comme en écho au début de l’autre), racontant le destin hors du commun de ces deux femmes de pouvoir à travers le regard des hommes qui les ont côtoyées. Il réalise aussi et surtout deux passionnantes bandes dessinées historiques pouvant se lire indépendamment l’une de l’autre, montrant comment, au XVIe siècle, deux femmes ont mis l’ensemble des hommes de leur époque à leurs pieds.
Je n'ai pas encore lu ce livre mais sa conception est telle que l'on peut en parler avant même de lire. Déjà Juncker ne produit pas beaucoup d'ouvrages, ils ont tous une résonance historique (lisez ou relisez Malet).
Ce nouvel ouvrage se lit en deux parties qui se répondent : la vie d'Elisabeth Iere et celle de sa cousine Marie Stuart (qui a été reine de France 1 an et demi).
Un peu à l'image d'un "Negegon" le palindrome des frères Schuiten, vous lisez le premier album et vous enchaînez sur le suivant qui reprend la pagination du précédent à l'envers et à la fin vous obtenez les vies enchainées (et parfois déchainées) de deux cousines, deux reines, deux passionnées qui luttent pour le pouvoir. Ironie du sort, c'est le fils de Marie, Jacques, qui succédera à sa grande cousine Elisabeth, après que cette même Elisabeth ait ordonné la décapitation de Marie. Vous le connaissez, il a créé l'Union Jack, le drapeau britannique.
J'ai lu... et c'est juste exceptionnel !! L'histoire reste forte. Mais quand on s'attarde sur la conception de la bd, avec les deux livres ouverts aux mêmes pages, OUAH !!! Le découpage des planches, les couleurs se répondent et se reflètent. Peut être que les fans de Juncker regretteront l'absence de contours bien noirs comme dans les autres albums, mais d'autres éléments, comme des dessins en transparence sur d'autres, apportent un plus à la narration. Le regret : sorti trop tard pour Angoulême 2015 et trop tôt pour 2016. Cet album mérite d'être connu, et d'être lu.