Que reste-t-il des revues qui, dans les années 1990, avaient contribué au renouvellement de la BD francophone au sein de ce qu’il est désormais convenu d’appeler les labels indépendants ? Les supports antiques du Frémok, Frigobox et le Cheval sans tête, ont disparu. Le Lapin de l’Association n’en finit plus de vouloir changer de peau à la recherche de nouveaux lecteurs. Restent la Suissesse Bile noire et l’Angoumoisine Ego Comme X. Cette dernière, moderne, radicale et intègre, est en train de devenir l’expression de ce que pourrait être une maison littéraire appliquée au champ de la bande dessinée. Les éditions de Minuit du neuvième art ; en somme. Plusieurs raisons à cela. Ego Comme X a été fondée et est dirigée par un seul homme, Loïc Néhou, qui n’est pas un auteur mais porte en lui suffisamment d’opiniâtreté, de goût et d’intelligence pour avoir créé un catalogue jusqu’ici sans faille. Une ligne graphique sobre, de beaux livres souples et légers. Un auteur intransigeant, Symbole de l’esprit Ego : Fabrice Neaud. La maison est capable de développer des œuvres de qualité, de découvrir de nouveaux talents, de s’ouvrir sur d’autres territoires encore inexplorés de la BD mondiale - bientôt un numéro dix plein de mangas. Bref, de se renouveler tout en gardant ses principes. Preuve en est le numéro neuf de la revue, 200 pages de créations d’auteurs neufs - hommes et femmes en proportion égale -, et qui s’ouvre par une phrase de Paul Léautaud particulièrement adaptée aux lignes directrices égotiques : « La solitude conserve neuf. » En tout, dix-huit jeunes gens plus ou moins issus de la multitude de petits collectifs qui, dans la lignée de leurs aînés évoqués plus haut, surfent sur la déclinaison du « je » en bande dessinée. Pierre Druilhe des Requins marteaux, Grégory Jarry et Remi Lucas de Flblb, le Québécois Jimmy Beaulieu de Mécanique générale, Frédi Astèr, Cathy DaI Magro et Sylvain-Moizie de l’Institut strasbourgeois Pacôme, Jean-Yves Duhoo de l’Association… Et d’autres parmi lesquels on retiendra tout particulièrement Stéphane Rey, Emmanuelle Pidoux, Bert & Natalie. Rien que du noir et du blanc comme à l’habitude, simplement dessiné. Sans faire de manières. Et pour dire quoi ? Les affres de la création, l’aliénation familiale, le sentiment amoureux, la nostalgie adolescente… Quelquefois pas grand-chose, deux ou trois petits riens, mais c’est déjà beaucoup. » - Bang
Au sommaire de ce numéro :
CHRISTIAN AUBRUN : C’était il y a quelques mois…
JIMMY BEAULIEU : Les balcons de Montréal
Accumulation de neige au sol
BERT & NATALIE : Photomaton
ÉRIC BOSLEY : Ce soir-là, j’avais vu…
CATHY DAL MAGRO & SIMON HUREAU :
La cité des flaques
[repris dans ARCHIVES SIMON HUREAU #2]
PIERRE DRUILHE : Welcome to America
[repris dans WELCOME TO AMERICA]
JEAN-YVES DUHOO : sans titre
FRÉDÉRIC FLEURY : Chez eux, pas possible
de faire ce que tu veux
ANN KOPEL : Dis donc
YANNICK LECOEUR : Alexandra ligotée
SYLAIN MOIZIE : Jeff, pathétique et lubrique
FREDDY NADOLNY POUSTOCHKINE : La Baraque
GRÉGORY JARRY : Histoires de l’Est
Histoires de l’Ouest
PRUNELLE : Le combat
RÉMY LUCAS : Regardez la maison, à droite !
LUCAS MÉTHÉ : Wou ! Aougr ! Grr !
EMMANUELLE PIDOUX : Soi-disant
STÉPHANE REY : Jason
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