Village de Saint Antoine, un soir de pluie, une paire de mains et de pieds calcinés pendent sur la croix érigée sur la place. La relation avec un rituel moyenâgeux pratiqué sur les malades des ardents est établie. De quoi alimenter les conversations des habitués du troquet local. Les travaux entrepris à proximité du « gros mur de l’église » ont-ils un rapport avec cet évènement étrange ?
Le Mal est malin. Ça va sans dire mais après avoir attiré avec une couverture saisissante, il nous balade. Un peu d’Histoire en gage de crédibilité, quelques authentiques paysages d’Isère, une découverte-choc, un fond d’agitation politique. Et les discussions de bistro que les auteurs ont visiblement du plaisir à mettre en scène, les échanges de commissariat et le quotidien d’un trio plutôt classique : un maçon beau gosse qui s’apprête à mettre à jour des reliques qui mériteraient de rester enfouies, un bureaucrate débordé qui néglige son domicile et son artiste d’épouse qui, elle, trouvera du réconfort auprès de l’homme de l’Art. L’œil du mur est une mise en place qui prend garde de ne pas trop en dire, de ne pas trop verser dans le fantastique, de ne pas trop perdre son lecteur non plus. Sur le tempérament volcanique de sa femme fatale en revanche, il se montre plus disert et démonstratif. Au total, rien d’ébouriffant mais une introduction qui se lit avec un certain intérêt, sans palpitations superflues.
Ce commentaire dénué d’engagement peut être reproduit en ce qui concerne la mise en images. De toute évidence, le dessinateur aime dessiner les « gueules », les villageois de préférence à casquettes aux trognes dotées de nez et de mentons proéminents, les « gens d’ici ». Le contraste avec les visages lisses de ceux qui apparaissent comme des « pièces rapportées » saute aux yeux sans qu’on sache s’il est détenteur d’un message particulier. En la matière, les gendarmes eux, une fois n'est pas coutume, seront assimilés aux corps intermédiaires. Contraste également entre le soin apporté aux décors bénéficiant souvent de force de détails et quelques éléments et arrière-plans aux textures d'un style très différent.
Le Mal est-il sur le point de revenir s’installer parmi les mortels ? Pour le moment, et pour donner dans la métaphore, c’est l’étape du terrassement. Indispensable mais avec laquelle il est difficile d’enflammer les sens du quidam qui attend désormais les phases gros œuvre et finitions. Pour frissonner et apprécier le dosage des effets, , celui-ci aura toujours le loisir de visionner, une énième fois, le Prince des ténèbres de John Carpenter.
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