Janvier 1915, en Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l¹Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens. Mais sur ce lieu hors de raison qu¹on appelle le front, ce sont les corps de trois femmes qui font l¹objet de l¹attention de l¹état-major. Trois femmes froidement assassinées. Et sur elles, à chaque fois, une lettre mise en évidence. Une lettre d¹adieu. Une lettre écrite par leur meurtrier. Une lettre cachetée à la boue de tranchée, sépulture impensable pour celles qui sont le symbole de la sécurité et du réconfort, celles qui sont l¹ultime rempart de l¹humanité. Roland Vialatte, lieutenant de gendarmerie, militant catholique, humaniste et progressiste, mène l¹enquête. Une étrange enquête. Impensable, même. Car enfin des femmes, c¹est impossible. Inimaginable. Tout s¹écroulerait. Ou alors, c'est la guerre elle-même qu¹on assassine...
Sous couvert d'une enquête policière, Kris nous fait découvrir le monde à part que constitue le front durant la "Grande guerre". Loin d'un récit exaltant l'héroïsme au combat, il nous plonge avec brio dans l'apreté , la boue et la mort omniprésente au front. En utilisant dans les dialogues un vocabulaire populaire propre à l'époque, il met en évidence la coupure sociale entre officiers supérieurs et soldats du quotidien issus d'une France rurale et populaire.
Les aquarelles aux couleurs pastelles du dessinateur Maël renforcent l'ambiance "boueuse" du front en ce début de 20ème siècle. Utilisant un trait nerveux et précis, Maël par son découpage procure le dynamisme nécessaire à l'intrigue de l'enquête.
Une superbe BD!