Plusieurs appellations se sont succédées pour qualifier l’inacceptable : « colonie horticole », « maison de correction à la campagne », « maison de redressement », ou encore « colonie correctionnelle ». Une pluie d’euphémismes pour dissimuler grossièrement une verrue de l’Histoire. Pour parler plus clairement, il s’agissait d’un bagne. Un bagne pour enfants ! Nous sommes en 1855. Napoléon III ordonne l’ouverture de plusieurs établissements pénitentiaires, afin d’accueillir des enfants considérés comme des délinquants. Il s’agit ainsi d’éliminer cette « mauvaise graine » des villes et campagnes françaises. Les pauvres de la société, les malheureux, les orphelins, les mendiants, les sans-le-sou, les va-nu-pieds, les petits, encombrent les villes et inquiètent la bourgeoisie qui réclame une épuration. Ces gamins sont de simples vagabonds, des voleurs de poules, ou bien des « voyous » issus de familles non fréquentables, indignes d’élever des enfants. C’est ainsi que des enfants se trouvent enfermés dans des établissements afin d’y recevoir une éducation morale et d’être redressés par la force. Mais ce « redressement » n’est pas sans conséquences dramatiques. A Saint-Antoine, sur les hauteurs d’Ajaccio, les petits bagnards meurent par dizaines, puis par centaines. Mauvais traitements, mauvaise alimentation, mal de vivre tout simplement. C’est dans ce monde de violence où guettent la mort et le désespoir, que nous avons retrouvé la trace de quelques-uns d’entre eux : Antoine Teurice, Xavier Trouvé ou Joachim Evain. Les noms de ces enfants sont véritables, mais leur histoire – bien que s’appuyant sur une grande documentation – est racontée ici avec notre sensibilité personnelle.
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