Pour moi, lire Liniers est ce que j’appelle un « effort agréable » ou plutôt un agréable effort. À vrai dire, l’«effort» - j’ai mal choisi ce mot- que l’on accomplit lors de la lecture des blagues de cet auteur -il aime ce terme-, se fait après coup. Car si ce type vous prend au dépourvu, c’est un vrai flop! En effet, les blagues de Liniers font un effet immédiat mais, d’autre part, elles laissent un after taste, un arrière-goût comme si l’on n’avait pas du tout saisi leur sens en les lisant. C’est peut-être ce qui leur donne leur pérennité et leur enlève l’aspect éphémère qu’ont beaucoup de bandes dessinées. Et sans leur conférer la moindre once de profondeur, de surcroît, car Liniers nous montre aussi qu’il peut être profondément superficiel, comme tout grand admirateur du surréalisme qu’il est.
Ce qui me plaît peut-être le plus, c’est qu’il n’y a pas de personnages figés dans la série de Macanudo. Bien sûr, l’auteur le fait exprès pour nous torturer, parce qu’en ce qui me concerne j’attends toujours la bande dessinée de «Ces gens qui nous entourent» et du «Traducteur de films». Ou sinon, je voudrais qu’Enriqueta apparaisse au plus vite. Comme l’a dit Mark Twain, «Le problème avec l’humour, c’est que personne ne le prend au sérieux». Et le problème avec Macanudo, c’est que nous savons justement qu’il est très sérieux. Et c’est précisément là le truc qui nous conduit au plaisir sans le moindre effort.
C’est sûr qu’un de ces jours, un admirateur l’apostrophera dans la rue en le traitant de «Grand pisse-vinaigre!» Et nous saurons tous de qui il s’agit.
- Kevin Johansen
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